De Milford Haven à Padstow – Une nuit dans le Bristol Channel
Extrait publié avec l’aimable autorisation du site visitmyharbour.com (https://www.visitmyharbour.com/harbours/bristol-channel/padstow/) :
“… De nombreux beaux voiliers se sont abîmés sur cette côte (dont le Maria Assumpta en 1995), et les habitants étaient connus pour leurs activités (prétendues) de pilleurs d’épaves. De nos jours, avec l’équipement de localisation GPS, les prévisions météorologiques en temps opportun et les moteurs diesel fiables, les choses sont quelque peu différentes. Mais même ainsi, de nombreux navigateurs en route vers le nord ou le sud, s’attardent le moins possible dans toute cette région du Canal de Bristol et des Cornouailles du nord.
Padstow, situé dans l’estuaire de Camel, est gardé par le Doom Bar… le nom à lui seul (la Barre Maudite) suffit à rendre méfiant. Doom est en fait dérivé de « dune » (comme une dune de sable), et bien que théâtre de la perte de nombreux voiliers, la plupart d’entre elles sont dues au fait que le navire a perdu son vent et sa manoeuvrabilité après avoir contourné Stepper Point. La baie de Padstow est ouverte à l’ouest et au nord… les coups de vent venant de ces directions, surtout s’ils sont suffisamment prolongés pour générer une grosse houle, produiront des résultats spectaculaires sur le Doom Bar…”
Néanmoins, telles étaient notre route et notre destination.
Nous avions beaucoup de temps pour préparer notre départ de Milford Haven, et mettre le cap sur Padstow, 80 milles de l’autre côté du redoutable Canal de Bristol. Padstow est aussi un port à écluses, ses portes ouvrant 2 heures avant la pleine mer.
En fait, son chenal d’approche assèche complètement à marée basse.
Comme d’habitude, nous avons planifié notre navigation en conséquence, en prenant une marge de sécurité. Pour arriver à l’heure du flot, nous devions à nouveau opter pour un départ en fin de journée et une traversée de nuit.
Les autorités portuaires de Milford Haven proposent plusieurs horaires d’ouvertures de leurs écluses. Nous nous sommes inscrits pour celui de 19h30.
Une fois sorti du port, nous avons navigué 5 milles au moteur, doublant les terminaux des tankers, pour nous retrouver en pleine mer une heure plus tard. Nos feux de navigation étaient déjà allumés.
Mais nous avons dû conserver le moteur, le vent étant une fois de plus absent.
Nous avons décidé de faire des quarts de 2 heures pendant la nuit. Cela a bien fonctionné, permettant à chacun de récupérer un peu sans laisser l’autre trop longtemps à la barre.
Le vent s’est finalement décidé à être de la partie, et c’est avec bonheur que nous avons coupé le moteur à 22h00.
Nous faisions route plein sud, 180° le long du méridien. Nous sommes restés bâbord amures toute la nuit et le matin jusqu’à midi, en approchant Pentire Point, juste avant notre destination.
14 belles heures à la voile, notre vitesse oscillant entre 3.5 et 5.5 nœuds. La mer était calme, la navigation agréable…
Nous venions de traverser le terrible Bristol Channel!
Notre marge de sécurité nous a fait arriver une heure trop tôt. Alors nous nous sommes promenés au moteur dans la baie de Padstow , admirant le paysage, évaluant une possible nuit à l’ancre à cet endroit, pour faciliter notre départ vers la prochaine destination.
Nous avons fini par nous lasser de faire des aller-retour au moteur. Nous avons jeté l’ancre histoire de passer le temps, et pour nous entraîner à la manœuvre (offrant à John le privilège de se familiariser à la remontée de l’ancre avec le guindeau manuel!).
Le courant de marée était maintenant établi pour un passage en sécurité du fameux Doom Bar. En entrant dans le chenal, nous avons slalomé parmi une douzaine de petits voiliers qui faisaient des courses autour des bouées. Mais tout s’est bien passé, nous naviguions au ralenti avec la marée.
Juste avant l’entrée du port (90° sur tribord), un de ses employés est arrivé avec un canot et nous a recommandé de longer de près le mur de la jetée, afin de rester loin des bancs de sable.
Nous le savions déjà grâce au site visitmyharbour.com , mais un rappel n’était pas de trop.
Dans l’avant-port, nous étions un peu perdus, tournant en rond sans trouver l’écluse. En fait, elle était encore fermée. Nous voyant en train d’explorer l’endroit, un autre employé du port nous a indiqué la bonne direction depuis le quai.
Nous étions amarrés à 15h20.
Padstow est un endroit touristique, et le beau temps avait attiré beaucoup de monde.
Le port se situe au cœur de cette jolie petite ville, et joue sans doute un grand rôle dans son aspect pittoresque, y attirant des visiteurs.
Regarder les bateaux entrer et manœuvrer vers leurs amarrages est une attraction intéressante pour les promeneurs, et nous faisions partie du spectacle. Nous y avons apporté notre touche personnelle, en perdant un pare-battage et en le récupérant in-extremis depuis un autre bateau.
Nous étions amarrés le long du mur du port, desservi par une petite échelle scellée qui donnait accès au quai.
C’était assez amusant d’émerger en haut de l’échelle, juste aux pieds des touristes qui mangeaient leurs glaces.
La ville offre un grand choix de bars et de restaurants. Mais quand John et moi furent prêts pour le repas du soir, après avoir en bonne et due forme pointé au pub (lequel, je ne me souviens plus), tous les endroits où nous nous sommes adressés affichaient complet.
Mais les voyages sont pleins de surprises, et l’adage « le monde est petit » n’est pas populaire sans raison.
Notre situation était proche de devenir désespérée, quand j’ai vu John soudain s’illuminer en levant les bras au ciel. Il venait de reconnaître un couple d’amis de sa propre ville, membres du même club de scooters.
C’est ainsi que nous avons pu rejoindre une table (la leur) et commander notre repas, et que j’ai eu le plaisir de faire la connaissance de Paul et Donna. Un couple de gens très sympas, qui voyageaient en touristes dans un petit fourgon à peine aménagé, dans lequel ils dormaient, coincés parmi leurs bagages.
Nous avons passé une agréable soirée ensemble.
Le jour suivant, j’ai exploré les boutiques pour acheter quelques souvenirs, et John a acheté une canne à pêche et quelques autres trucs qui allaient avec, équipement qu’il avait souvent regretté ne pas avoir à bord.
Allions-nous pouvoir vivre en autonomie?
(À suivre)