De Lesconil à Belle Ile – Le Palais, mais pas pour nous…
Le timing que nous avions pour entrer dans le port du Palais était le suivant:
- La pleine mer était à 22h00,
- Les écluses du port ouvraient 2 heures avant la marée haute,
- Les écluses opèrent jusqu’à 22h00.
Ces deux dernières infos, nous les avions récupérées sur le site internet de la mairie du Palais.
Nous devions nous présenter au port entre 20h00 et 21h00.
Notre route était assez claire: 8 milles sud-est pour contourner l’archipel des Glénans par le sud, puis modifier notre cap en y ajoutant un peu d’est, pour les 45 milles restant avant d’arriver au Palais.
Comme toujours et encore toujours, nous ne pouvions pas hisser les voiles. Le malheureux vent qu’il pouvait y avoir était contre nous.
Sur une longue traversée sans aucun horaire précis, on prendrait son temps, tirant des bords, faisant peu de route à vitesse réduite, comme des marins patients, en attendant de meilleures conditions de vent.
Quand, au contraire, on est lié par des contraintes de marées et d’écluses, on n’a pas d’autre choix que de faire du moteur.
Après avoir quitté le charmant petit port de Lesconil à 10h00, Nous avons navigué au moteur pendant dix heures et demie, avant de tourner à l’ouest dans le port.
L’approche de Belle Ile dans le soleil couchant était jolie. Nous nous réjouissions à l’idée de nous promener dans la belle (ou supposée belle) ville du Palais.
Nous avons appelé le port par VHF pour annoncer notre arrivée et demander une place au ponton.
On nous a répondu que nous devrions nous mettre à couple avec les autres bateaux dans l’avant-port, parce que les écluses n’ouvriraient pas avant le lendemain!
Nous étions surpris, ce n’était pas ce que nous avions prévu. Mauvaise information, mauvaise synchronisation des infos sur le net avec la réalité.
Nous allions être encore plus déçus en découvrant que les bateaux auxquels nous étions amarrés n’avaient pas d’accès au quai.
Alors, nous pouvions voir les lumières de la ville, mais nous resterions à bord pour manger des nouilles. Pas de bar, pas de restaurant, pas de douche ni toilettes, et pas d’électricité. Pas moyen d’aller aux courses, et nous avions épuisé notre stock de bière.
Et il y avait un énorme et bruyant ferry à côté de nous.
Dans un sens, ce serait plutôt économique, de n’avoir aucune occasion de faire des dépenses.
Mais le matin suivant, une fille du port nous a abordé avec un pneumatique, et nous a demandé si nous étions passés au bureau.
“Pourquoi?”, ai-je demandé.
– Ben, pour régler!”, fut la stupide réponse.
– Et qu’est-ce que je devrais régler? Nous n’avons utilisé ni eau, ni douche, ni électricité. Nous n’avons même pas occupé une place de port!”
– Ben, Vous étiez dans l’enceinte du port. Si vous ne vouliez pas payer, vous auriez dû vous mettre à l’ancre à l’extérieur.”
– Mais nous sommes entrés parce que les écluses auraient dû être ouvertes!”
– Qu’est-ce que vous croyez, que le gars de l’écluse allait travailler aussi tard?”
– OK, je vais payer, combien ça sera?”
Elle a plus ou moins mesuré le bateau, et nous a annoncé 16 euros.
“Mais vous devez passer au bureau”, a t’elle dit.
– Et comment on est supposé faire ça?! On est là comme deux couillons, on n’a même pas d’annexe, on n’a même pas pu boire une bière en ville! Il faut que j’aille au bureau à la nage? »
C’est un fait, China Blue avait plutôt l’air d’une épave en comparaison avec les autres voiliers auxquels elle était amarrée.
L’air quelque peu excédée, elle nous a finalement dit… bon, allez-y!
Ce que nous fîmes, en lui faisant un petit coucou alors que nous croisions son canot en sortant du port!
Nous étions en route pour Pornic, et commencions un autre jour… sans vent.
(À suivre)