De Newquay Bay à Newlyn – Passage de Land’s End
Après une paisible nuit dans la baie de Newquay, nous avons mis le cap sur Newlyn, Cornouailles, baie de Penzance.
A 07h00, nous remontions l’ancre, toujours manuellement (on s’y est mis à deux!).
Et, une fois de plus, le vent était totalement absent.
Nous nous sommes résignés à faire l’étape au moteur; on n’avait pas le choix.
Au moins, nous serions sûrs de maintenir une vitesse constante et garantie.
Notre cap était sud-ouest, laissant la côte à 2 ou 3 milles sur bâbord, vers la cardinale ouest de The Stones, puis doublant St Ives, arrondissant les rochers du Wra, puis Cap Cornwall et Les Brisons, avant de faire une route sud vers Land’s End (littéralement, la fin de la terre).
Le vent s’est levé, contre nous malheureusement. Ayant abandonné l’idée de faire de la voile, nous avons continué au moteur.
A 13h00, nous nous glissions entre les roches de Longships et Land’s End, que John a saluée avec respect, pendant que je finissais mon déjeuner à la barre.
Newlyn est surtout un port de pêche.
Nous n’étions autoriser à y entrer qu’à condition de déclarer que nous n’avions à bord ni chat, ni chien, ni aucun autre animal (bien que je n’aie pas bien compris pourquoi, étant donné l’impressionnante quantité de mouettes qui colonise l’endroit). Nous n’avons pas jugé bon de mentionner que nous avions à bord des vers vivants qui faisaient partie de l’attirail de pêche de John.
A 16h30, John était à la barre alors que nous passions les digues du port, à la recherche de l’amarrage qui nous avait été attribué.
J’étais occupé à préparer amarres et pare-battages, sans lever les yeux, quand John m’a soudainement appelé pour que j’assure la manœuvre. Tout d’un coup, il ne voulait plus avoir la responsabilité de piloter China Blue.
J’ai sauté sur la barre et regardé autour de moi, pour découvrir de gros chalutiers tout autour, et sur bâbord une petite place au ponton que nous avions quasiment dépassée, avec John qui me criait “C’est là, c’est là!”.
Un miracle s’est produit. Je ne saurais vraiment dire comment, mais par une réaction intuitive-illuminée-chanceuse, inversant la propulsion, poussant la barre, pleins gaz en avant et pleins gaz en arrière, tirant la barre et à nouveau arrière toute-freine-freine, j’ai réussi à loger China Blue dans son emplacement avec une méthode non sans rappeler un parking en dérapage au frein à main.
Et sans rien heurter!
Nous voici donc à Newlyn, notre tout dernier arrêt au Royaume Uni.
Nous avons célébré cette dernière nuit au Pays de Galles au Red Lion, un pub très local et très sympathique, juste devant le port.
Une fois de plus, j’ai pu me régaler de la gentillesse des gens et de leur attitude accueillante, et savourer de jolies conversations avec des personnages intéressants, comme Jacqueline et Ben, qui sont ici en photo.
Ben Gunn est un artiste qui s’est découvert très tard, et dont certaines peintures ornent quelques murs du pub (https://bengunn-newlyn-blog.tumblr.com/). Jacqueline est une femme pleine de joie, présentant la rare et remarquable caractéristique de porter le prénom de ma mère.
Après le pub et pour satisfaire la faim dangereusement croissante de John, nous avons acheté à manger dans un takeaway chinois, fort-à-propos situé à la porte à côté, et nous avons pris notre dîner à bord de China Blue.
Un diner chinois à bord d’une jonque, tout était pour le mieux.
Le matin suivant, j’étais plutôt inquiet en découvrant l’épais brouillard qui baignait le port, et n’avait rien à voir avec les bières de la veille.
Après tout, nous devions traverser la Manche!
Mais John m’a assuré que ça allait se lever, et encore une fois, il avait raison.
A 14h00, nous avons quitté l’Angleterre, et cinglé vers la France.
(À suivre)